lundi 20 avril 2009

A.



expo GRIM TEAM jusqu'au 16 mai. Galerie ouverte du lun au sam de 16h.Ă  19h et sur rendez-vous 
(Tel : 0659016097 ). Nocturne chaque vendredi de 21h Ă  1h. GALERIE A _ 27 rue Raze 33 300 Bordeaux

Au dĂ©but des annĂ©es 1990 Paris connait un phĂ©nomĂšne de type nouveau : le writing. ArmĂ©s de bombes et de marqueurs de nombreux jeunes "tatouent" la capitale de leurs signatures. Parmi eux Chaze et Oeno s' « attaquent » Ă  la prestigieuse station Louvre. Suite Ă  cela ont lieu une sĂ©rie d'interpellations et la lĂ©gislation se durcit vis Ă  vis du graffiti. MalgrĂ© de fortes peines leur motivation reste intacte, ils dĂ©cident de mieux se structurer et de fonder un nouveau groupe, ainsi verra le jour le GT crew ou Grim Team. ComposĂ© de membres trĂšs diffĂ©rents venant de plusieurs pays il constituera un des fers de lance de la mouvance graffiti en France, inspirant beaucoup de writers. A l'avant garde de la culture de rue, les grims influent tant par la quantitĂ© que par la qualitĂ© de leur production. Ses membres, sont beatmakers : Oeno (plus connu sous le pseudonyme de JR.EWing de la Cliqua), Grimy Kid ; crĂ©ateurs de marques : Creez avec Wrung et Dize avec Weside ; rappeurs : Pro aka Profecy ; photographe de stars : Armen ...

Aujourd'hui constituée d'une trentaine de membres la Grim Team continue de marquer d'une empreinte indélébile la scéne urbaine française et internationale.










S.C.I.E.N.C.E.P.O



B.L.O.C.K



pix by Siro

jeudi 2 avril 2009

L.O.K.I.S.S

Graffiti : une culture suicidaire, par Lokiss
TAG au Grand Palais - inutile d’aller voir. En parler sans mĂȘme regarder. (Tag verbal)

Le tableau est trop beau. Vous avez d’un cĂŽtĂ© l’hypermarchĂ© Warhol, de l’autre la supervision de Christine Albanel qui s’est faite connaĂźtre rĂ©cemment dans le domaine des modes d’expressions libertaires genre Hadopi, et une conjoncture de crise politique et morale. Au beau milieu du cadre et de ce haut lieu de la culture suburbaine qu’est le Grand Palais, on trouve un motif anachronique et livide : l’exposition TAG.
Le panorama est emblĂ©matique de ce que le « Times » appelait « la mort de la culture française ». MĂȘme si pour TAG, le champ est international, la vision est clairement française. Et culturellement morbide.

Le Grand Palais. « La Rue » en octobre 2006. Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture et de la Communication.

REFRAIN 1er jet : j’ai refusĂ© catĂ©goriquement l’invitation mais mon nom est apparu sur le site web et certaines publications de l’exposition.

Je me paraphrase : la portĂ©e complaisamment simpliste et dĂ©magogique de cette manifestation me choquait. Voir mon nom participer Ă  cette opĂ©ration qui n’Ă©chappait ni Ă  la caricature artistique, ni Ă  la bouffonnerie politique m’Ă©tait dĂ©sagrĂ©able. Cette foire aux bestiaux, en plus d’ĂȘtre rĂ©trograde, faisait des recoupements culturels qui dĂ©montrent, si le besoin existait encore, la mĂ©connaissance absolue de la culture graffiti ou suburbaine et d’un opportunisme social assez nausĂ©abond.
Quant aux interdits, malgrĂ© cette orgueilleuse façade, ils restent et resteront les mĂȘmes. Tu fais oĂč on te dit de faire. Ne commencera pas ici le laborieux Ă©tat des lieux des relations entre les autoritĂ©s et la scĂšne graffiti française. Ou il faudrait dĂ©marrer par la base : la particularitĂ© trĂšs française de dĂ©truire sinon rĂ©primer ce qu’elle ne cadre pas, et de n’aimer que ce qu’elle peut s’approprier voire, comme ici, rĂ©cupĂ©rer. Le musĂ©e Branly, Ă  sa maniĂšre, tĂ©moigne du mĂȘme particularisme. On ne regarde que mieux ce que l’on peut mettre sous vitrine : un zoo passĂ© Ă  la Javel.
Nous avons rĂ©tabli les « indigĂšnes » dans leurs droits. Il Ă©tait temps. RĂ©tablissons-nous ici les cultures de banlieue - autre raccourci imbĂ©cile - dans leur droit de reprĂ©sentation ? Si oui, quand va-t-on payer les arriĂ©rĂ©s de pension ? Car pour ce qui est du graffiti, cela fait longtemps que l’emblĂ©matique - Karcher - s’est dĂ©chaĂźnĂ© contre lui. Et cela ne s’arrĂȘtera jamais. Jamais.

Le Grand Palais. TAG - Collection Gallizia - 27 mars-26 avril 2009 - Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication.

Retour sur investissement Ă©videmment dĂ©sintĂ©ressĂ©, Monsieur Gallizia nous vend « TAG » (et revend un peu de son anonymat absolu dans le domaine de la crĂ©ation architecturale). Une collection de 150 graffiti-artistes ayant travaillĂ© sur le thĂšme de L’amour. J’en suis d’avance Ă©mu. Ah l’amour est rare en ces temps de crise. Merci. Le graffiti est souvent utilisĂ© comme pompier social, alors qu’il devienne une pompe d’amour HEIN !!?

Merci Monsieur Gallizia. Merci encore. Le tableau est trop beau. Il n’y a aucune limite au grotesque, Ă  l’emphase vide, Ă  l’architecture du nĂ©ant. Merci Monsieur Kaeppelin dĂ©lĂ©guĂ© aux arts plastiques pour votre texte publiĂ© dans le dossier de presse, rĂ©digĂ© il y a 20 ans, mais laissĂ© dans un tiroir en attendant un gouvernement plus enclin Ă  libĂ©rer les cultures souterraines.
AH ? C’Ă©tait Ă©crit hier ? Ah vous y Ă©tiez pas ? Ah. Peur de rentrer dans les terrains vagues ? Ah.
Merci Henry (Chalfant), le photographe mythique des bibles « Subway Art » et « Spray Can Art », d’apporter ton sceau Ă  cette farce.
Merci pour tes compliments Ă  mon propos dans le documentaire « Writers » (RĂ©sistance Films). Je ne les mĂ©rite pas. Lokiss c’est un gros TOY. Et toi tu ne mĂ©rites pas davantage cette retraite anticipĂ©e et moribonde, que te paient ces dresseurs de caniches. Merci aux artistes, on se connaĂźt tous HEIN !!? Merci de votre Collaboration. Tout ça pour ça ? HEIN !!?

REFRAIN 2Ăšme jet : j’ai refusĂ© catĂ©goriquement la commande d’une Ɠuvre sur toile et l’invitation de TAG.

Je m’explique. Je vous jure, ce sera bref. Un peu sanguin, ok, mais bon du graffiti sans sang ni sperme, autant l’effacer. Un graffiti, comme je le conçois, et comme je l’ai toujours peint, c’est du slogan qui tĂąche, c’est guerrier, c’est arrogant, c’est mĂ©galomane, c’est sexuel, c’est haineux – TOUT SAUF L’AMOUR HEIN !!? – c’est la mise Ă  l’amende des ennemis, des rivaux, du spectateur, de l’environnement, de la police, de la propriĂ©tĂ©, des limites du support, des limites de la lĂ©galitĂ© mentale et judiciaire, de sa propre intemporalitĂ©.

Avez-vous oubliĂ© que le graffiti est rentrĂ© dans le code pĂ©nal ? Que l’on va en prison pour ça ? Que le cĂ©lĂšbre Azyle attend son procĂšs que lui a collĂ© la RATP ? PAR AMOUR HEIN !!? L’avez-vous dĂ©jĂ  oubliĂ© !?! HEIN !!?

Ok, dans cet univers urbain qui ne cesse de rĂ©trĂ©cir son champ de possibles, que l’on lĂ©gifĂšre Ă  tour de bras, que l’on contrĂŽle, que l’on surveille Ă  la mĂ©ga cam, que l’on nettoie culturellement pour le livrer Ă  sa vĂ©ritable vocation commerciale et publicitaire. Ok, dans tout ça, le graffiti reste the last buzz qui fait bander le Tout Paris – tous les cinq ans environ depuis 25 ans -qui veut la jouer canaille. On connaĂźt la musique. Faut croire que l’on ne s’en lasse pas. MĂȘme de mon refrain.

On organise un Barnum et on veut exposer l’extrĂȘme dynamique de la culture graffiti. C’est vrai que dĂ©gueuler sans discernement le tout et n’importe quoi d’une culture, sur un support matĂ©riel et temporel auquel il ne s’est jamais destinĂ©, ça aide Ă  la lĂ©gitimer, HEIN !!? ça aide Ă  le vendre en tous les cas. Pas d’art sans objet HEIN !!?
Mais c’est « spectaculĂ© », alors vive le cirque urbain. Tant que l’on marche dans les clous et que l’on tape dans l’esbrouffe en creux…et que ça bave pas partout… le ministĂšre se fĂ©licite de ce magnifique Ă©lan crĂ©atif.
PAR AMOUR HEIN !!?

Je m’explique.
Laconiquement, genre insupportable donneur de leçons, ça ferait ça (je me recopie) :
Le graffiti est le champ d’action d’individus libĂ©rĂ©s des contraintes sociales et collectives. Le peintre urbain, puisqu’il faut bien lui donner un nom, et non une appellation rĂ©ductrice et labĂ©lisĂ©e « banlieue », est un ĂȘtre affranchi. Il se remplit de sa seule individualitĂ© et ose le gueuler avec des couleurs criardes, avec un langage seul connu de lui et une aversion pour les autres qui est immĂ©diate et brutale.
Par aversion, j’exprime simplement la maniĂšre dont son Ɠuvre est reçue. Mais omettre la rage dans le geste d’un peintre urbain, c’est un peu se laver les dents avant d’embrasser. Le graffiti est une tumeur sur un tissu urbain quadrillĂ©, encadrĂ©, rĂ©gi par la grande loi de l’ordre social. Celui mĂȘme censĂ© ici, rassurer le passant, lĂ , sĂ©curiser le passager. Le graffiti est une griffure ou la rĂ©vĂ©lation d’une faille, lĂ  oĂč tout devrait ĂȘtre lisse et consensuel. A celui qui le voit ou qui l’affronte du regard, le graffiti est le rappel ou plus encore l’avertissement de sa propre nullitĂ© en tant qu’individu libre, en tant que membre actif d’une sociĂ©tĂ© qui semble mieux connaĂźtre que quiconque ce qui est bon pour lui, quitte Ă  opprimer certaines des pulsions Ă  se dĂ©tacher de la meute. « Le vert turquoise des siĂšges associĂ© Ă  la tenture des murs oranges, c’est bon pour toi. Quitte Ă  les vomir quand tu rentres chez toi. La saignĂ©e publicitaire aussi. C’est du tout bon pour toi, et pour nous. » Ça s’intĂšgre…
Le graffiti, c’est ce qui ne devrait pas ĂȘtre et qui est inexorablement. Il prend possession d’un territoire et en dĂ©possĂšde qui de droit. Un kidnapping volontaire mais indĂ©terminĂ© car le graffiti est basĂ© sur un processus interactif. Le graffiti tente d’envahir une surface dont il n’est pas propriĂ©taire. Il recouvre, affirme une personnalitĂ©, aliĂšne celui qui possĂšde comme celui qui regarde. En retour, celui qui possĂšde ou regarde, peut dĂ©truire, effacer ou recouvrir d’un autre graffiti l’Ɠuvre de dĂ©part. A ce niveau, le graffiti suit un processus gĂ©nĂ©ratif qui prolonge autant sa dimension temporelle - son caractĂšre Ă©phĂ©mĂšre est un contresens - que son champ crĂ©atif.
ElĂ©ment subversif sans idĂ©ologie sinon celle du « moi tout puissant », du « moi vengeur ». Un truc incernable, intraduisible dont on ne retient, au-delĂ  de l’apparence compilatoire et jouissive, que la violation visuelle, chaotique, incontrĂŽlable, que l’hyperviolente cassure de la cellule de transport, de sa mise en pĂ©ril autant que celle du rĂ©signĂ©.
Le graffiti dissout l’Ă©tat. L’Ă©tat des choses et l’Etat en tant qu’entitĂ© de pouvoir. Se rĂ©pandant sur la ligne, le graffiti brise la ligne « classique », foudroie les parallĂšles, amĂšne le dĂ©sordre lĂ  oĂč tout se met en rang et pas une tĂȘte qui dĂ©passe. Sinon le SDF, mais lui… il est par terre.
Le graffiti c’est l’urgence, pas plus de thĂ©orie. C’est une barricade que l’on monte et que l’on abandonne pour en recrĂ©er une autre Ă  son extrĂȘme opposĂ©. Pas plus de pensĂ©e qu’un truc irrĂ©flĂ©chi. La pulsion, c’est la nĂ©cessitĂ©. L’acte, c’est la politique. Et au-delĂ , je finirai par prĂ©tendre, le graffiti c’est l’inconscience politique.

Je conclue.
Coller 150 artisans Ă  peindre du folklore sur 300 toiles aux dimensions contraintes, tient de l’imposture, et pire, contredit ce qu’il est censĂ© sublimer. On ne rĂ©duit ni cristallise le champ naturel du graffiti au risque de le tuer. Et la dĂ©magogie bien connue de prĂ©tendre que donner une scĂšne au graffiti c’est aider Ă  changer le regard des gens est pathĂ©tique. Le graffiti se nourrit de son aliĂ©nation, trouve son talent dans sa violation des codes. Un vice qui ne s’illumine que lorsqu’il franchit un interdit.
Et finalement HEIN !!? le graffiti, c’est pas de l’art car c’est de l’anti systĂšme. SystĂšme qui qualifie ce qui est de l’art et ce qui n’en est pas justement. C’est de l’activisme dĂ©cadrĂ©. Le graffiti, c’est ce que l’on veut Ă  vrai dire. OK !! MAIS TOUT SAUF ÇA ! Dans cinq ans, on essaiera encore une fois de le mettre en boĂźte. L’opportunisme du Spectacle n’a pas de limite.

VoilĂ  pourquoi j’ai refusĂ© l’invitation. Bravo Ă  ceux qui l’ont acceptĂ©. Tout en sachant… car ils savent ! Je ne suis pas exempt de compromissions inĂ©vitables mais lĂ … LÀ… NON.
En tous les cas, voilĂ  pourquoi il serait temps de passer Ă  autre chose, de donner dans le post-post-neo-post-post graffiti par exemple. Comme partout en Europe. Sauf… Allez oĂč … allez ! En France…
On va tĂącher de changer la donne dans les temps Ă  venir. Compter sur Emosmos. Car Ă©videmment que la culture Graffiti est montrable et superbement intĂ©ressante MAIS…

LOKISS – Sons of the Gun PAR AMOUR HEIN !!?

PS : j’ai invitĂ© Monsieur Gallizia Ă  venir polĂ©miquer avec moi sous la forme d’une interview vidĂ©o. Il n’a pas donnĂ© suite malgrĂ© un accord de dĂ©part. Merci.